Humeurs

A-t-on vraiment une mission de vie?

Le sujet de conversation qui revient le plus souvent chez moi, surtout en ce moment, c’est ma vocation. Mon ikigai. Le but de mon existence. L’an passé, allez savoir pourquoi, j’ai reçu une vraie bouffée d’air frais lorsque j’ai pu mettre le doigt et, surtout, verbaliser mon mal-être. Je détestais mon job. Je n’aimais pas le milieu dans lequel j’évoluais. Je ne voyais pas l’intérêt de mon quotidien. Une vraie libération que de pouvoir sortir de ce quotidien qui me plombait le moral.

J’ai vécu une phase d’euphorie intense lorsque j’ai quitté mon emploi. J’étais libérée – et délivrée, je vous voir venir. En vraie angoissée de la vie que je suis, j’ai subi une phase de spleen particulièrement conséquente ensuite. Je me suis beaucoup remise en question : avait-ce été intelligent de quitter mon revenu mensuel ? Est-ce que mon boulot était une des raisons réelles de ma tristesse ? Est-ce que m’affirmer dans ma décision, de me lancer dans une autre voie était vraiment la bonne ? Allais-je le regretter ? Trop de temps pour réfléchir, trop de temps pour cogiter, trop de temps pour me laisser sombrer dans mes idées.

Une des thérapies que je préfère, c’est le petit café – une bière ou un verre de rosé fait très bien l’affaire aussi – et discuter sur ces choses qui me tracassent. En parlant de vive voix avec quelqu’un, mes peurs me semblent moins impressionnantes et parfois, je parviens même à comprendre d’autres choses que je ne voyais pas avant. J’en suis venue à beaucoup réfléchir sur le sens de nos vies, le pourquoi nous sommes ici, comment être heureux, pourquoi nous l’étions ou non.

 

Aujourd’hui, je veux juste me pencher sur la question de la vocation de vie, de notre leitmotiv pour nous lever chaque matin et être satisfait de notre journée.

Pendant ma phase moins glorieuse, j’en venais à penser que j’avais gâché des années de ma vie ; des années d’étude dans le vide, des années à travailler pour rien, des relations échues. Avec le recul, je me rends très bien compte que je ne peux pas être objective en étant si dramatique. Je me devais d’être honnête envers moi-même et j’ai ainsi remarqué plusieurs choses.

Lorsque je me suis décidée à commencer des études en Hospitality Management, cette décision avait été mûrement réfléchie. J’étais passionnée par ce que je faisais, ce que j’apprenais et j’étais réellement heureuse d’aller à l’université. Tout me semblait intéressant et fascinant. Je l’ai toujours dit et je le répèterai toujours : je n’ai pas connu de périodes où je me suis dit « Pourquoi je fais ça, déjà ? ». Au contraire. Tous les jours étaient plaisants, pleins d’aventure.

Cependant, lorsque j’ai commencé à travailler, je me suis confrontée à une autre réalité. J’ai toujours travaillé à côté de mes études, me payant ainsi mes voyages, mon permis de conduire et bien d’autres caprices. Me lever le matin et être active dans la vie professionnelle ne me faisait pas peur. Toutefois, l’image que j’avais de l’industrie hôtelière et la vie que j’avais vécue étaient deux univers parallèles. Peu à peu, la passion est partie et l’envie d’évoluer et de grandir dans ce milieu aussi. Il y a une chose qui a persisté – et d’ailleurs toujours valable aujourd’hui -, c’est mon envie d’être présente pour les autres, de venir en aide, d’être active et de pouvoir user mon énergie à bon escient.

 

J’en suis donc venue à une autre conclusion, qui est que notre mission de vie change forcément selon notre parcours de vie. Ce que nous vivons, nos expériences, nos rencontres, nos bonheurs, nos malheurs, nous façonnent. On peut absolument étendre cette vérité dans notre vie professionnelle ou personnelle. De ce fait, je ne prends plus mon changement de route comme une fatalité, mais plutôt comme une voie dans laquelle je n’étais pas prête à m’engager avant. Je ne nie même pas l’éventualité que si je l’avais fait avant, je n’en aurais pas eu marre aussi. Je n’ai pas cette prétention.

 

Il a été important pour moi de pouvoir échanger sur mes doutes, mes craintes, mes remords, afin d’ouvrir les yeux et me rendre compte que je n’étais de loin pas la seule personne à qui cela arrivait. Nous sommes énormément de personnes à se remettre en question et à se lancer. Sauf que nous, les angoissés de la vie, on se pose trop de question et on stagne. Un peu comme un moteur diesel, on attend qu’on nous start pour démarrer.

 

C’est très beau tout ça, Noa : quid des amis et des amours dans tout ça ? De toutes ces personnes que tu as rencontrées, qui t’ont blessée ? 

Il y a deux messages que l’on m’a transmis et qui ont marqué mon esprit pour toujours. Le premier est que les gens ont une mission dans notre vie, eux aussi. Ils sont là pendant le temps qu’elle dure et, une fois accomplie, ils repartent. Ça, c’est cool quand le scénario et la fin est sympa. En ce qui concerne des séparations douloureuses, des déchirements, un ami m’a un jour dit “Dis “Merci” à la vie lorsqu’une personne qui te blesse part ! Elle est en train de t’écarter une personne qui te blesse, qui ne t’apportera rien et ne te rendra pas meilleur, pour laisser quelqu’un d’autre venir et te rappeler ta vraie valeur. C’est une bénédiction.” Evidemment, lorsqu’on est en phase de deuil, la tristesse nous empêche de voir que ce message est rempli d’une vérité et d’une lumière éblouissante.

 

Tout ce qui nous arrive est bon à prendre, même si fraichement blessé, on ne pense qu’à la douleur pinçante que l’on ressent. Ca finit toujours par aller – et avec une bière bien fraiche à la main, encore mieux !

2 thoughts on “A-t-on vraiment une mission de vie?”

  1. ❤️Plus on avance, plus on gagne des trucs, comme si la vie était une grande veste en jean des années 90 qu’on remplissait de pins. On n’en retire jamais : ces trucs, on les a vécu, ils font partie de nous. On remplit notre propre Pokédex petit à petit, avec les trucs cool, et avec les moments difficiles ; c’est nous, tout entiers. Et je t’aime toute entière ma Pikachu. ⚡️

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  2. Je suis très touchée par la lecture de cet article, de ces réflexions. Je suis en plein tourment par rapport à tout ça et j’ai bien du mal à trouver des réponses, mais lire ton article me réconforte un peu. Beaucoup de choses me parlent, mais ça me donne du courage et je me dit que petit à petit ça finira par s’éclaircir. Et c’est vrai que la méthode petit café – ou frappucino =P – marche toujours bien ^^ c’est moins cher que la psy (même si je ne regrette pas mon passage chez elle XD )

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