Humeurs

J’ai arrêté le CrossFit…

… pour quitter une secte.

Avant d’expliquer pourquoi j’ai décidé d’arrêter, peut-être serait-il intéressant de comprendre pourquoi j’ai voulu commencer.

 

Acte I : Mon historique sportif

 

Je pratique du sport depuis de nombreuses années. Course à pied, vélo, salle de fitness, je n’étais pas une novice dans la pratique sportive. Toutefois, mon profil était banal et ennuyeux. Je m’entrainais seule, je n’aimais pas être bousculée, je ne me repoussais jamais mes limites. Je participais de temps à autres à quelques cours collectifs avec peu d’entrain et en ressortait encore plus morte d’ennui.

Pendant beaucoup d’années, mon but était purement esthétique : ne pas être grasse. C’était la seule chose qui résonnait dans ma tête. Je n’avais pas de notion de nutrition pour mon bien-être. J’étais en bonne forme et je n’avais pas non plus le besoin d’être différente, sportivement parlant.

Il y a quelques années, je me suis mis comme objectif personnel de devenir une meilleure version de moi-même : plus fonctionnelle, plus forte, plus rapide. Je n’avais jamais été voir un coach – grossière erreur ! – j’avais tout appris par moi-même en autodidacte.

J’ai commencé à m’intéresser plus profondément à la musculation, non plus dans le but d’obtenir un résultat esthétique, mais un résultat au niveau de mes performances. J’ai acheté des livres, j’ai fait mes recherches, j’ai demandé des conseils à des professionnels. Assez facilement, je suis tombée dans la boucle de « je veux être plus forte / meilleure » et je dois avouer que j’ai énormément appris : changer ma façon de m’entraîner pour stimuler la croissance musculaire et le stimuli nerveux, l’intérêt de respecter certains principes de macro-nutrition, etc.

Ce que je recherchais dans la pratique sportive était la sensation de m’être donnée à fond, à savoir : transpirer, être à bout de souffle. La musculation ne me donnait pas ce plaisir, mais je la retrouvais dans la course. Toutefois, je devais admettre que même si mon endurance était bonne, mon agilité était inexistante.

On m’avait parlé du CrossFit et je ne voyais là que des gens qui se cloquaient les mains avec leurs barres lourdes et leur vocabulaire incompréhensible. J’avais encore en tête l’ennui des cours collectifs et je ne me voyais pas entrer dans une telle discipline.

En parallèle à cela, je passais par une époque de ma vie transitoire où j’ai dû retourner chez mes parents, abandonner mon indépendance, perdre mon cercle d’amis à cause d’un déménagement… C’était difficile. J’ai changé de travail et j’ai dû créer de nouveaux repères. Mon entreprise était affiliée à une box de CrossFit et une séance d’essai avec d’autres collègues avait été proposée. Etant à ce moment-là dans la recherche de dépasser mes performances et de pimenter mes entraînements, je me suis laissée tenter. Là, surprise : j’ai adoré le WOD. Pourquoi ? Parce que j’étais en-dehors de ma zone de confort. Je faisais des mouvements que je ne pratiquais jamais, j’étais boostée à me donner à fond, à ne pas lâcher, c’était convivial. J’avais une énorme phobie sociale et j’ai miraculeusement aimé être entourée.

 

Acte II : La dépendance

 

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Le CrossFit représentait tout ce que je recherchais : qu’on me motive, qu’on me stimule, que je sente que je progressais. Je recherchais quelque chose qui me rende plus dynamique, plus fonctionnelle, plus prête à tout affronter. Ca se présentait comme un sport extrêmement complet. C’était varié, fun, la communauté était superbe. Le rêve, non?

J’ai remarqué que j’avais énormément de points faibles : absolument normal. J’avais passé des années à bosser les mêmes muscles, à ne pas me forcer à aller au-delà de ma zone de confort. On m’a fait travaillé ma mobilité, on m’a fait faire des swings, on m’a fait porter et jeter du lourd, on m’a donné un objectif de temps (timecap, EMOM) pour t’obliger à aller plus loin à chaque fois. Les gens sont là, tous dans le mal, on se soutient et on se dit qu’on en est capable. Il y a toujours de l’amélioration et c’est addictif.

Toutefois, dans ma tête sommeillait toujours quelques points d’exclamations. Un sport si complet a ses limites (je ne parle là que de mon point de vue) :

  • Un WOD, c’est 60 minutes, pendant lesquelles il n’est pas possible de tout voir. Tes faiblesses ne sont pas forcément travailler pendant les WODs, ce qui implique que tu dois investir du temps supplémentaire pour travailler tes points faibles.
  • Les WOD ne sont pas fait pour progresser. Ils sont là pour que tu te dépenses. On en revient au point d’avant : si tu veux t’améliorer, tu dois consacrer du temps supplémentaire.
  • On dit du CrossFit qu’il s’agit du sport le plus complet (cardio, gym, muscu). Toutefois, personne n’est fait pour être bon partout (et ça, tout le monde le dire, pas de conflit à ce propos). Forcément, ça créé de la frustration de ne pas être bon quelque part (dans mon cas, la gym). Je trouvais ça plus raisonnable d’améliorer là où j’avais un potentiel d’amélioration physique et de sentiment d’accomplissement.
    • Ca peut sembler le discours de quelqu’un de frustrée – j’admire les gens qui sont bons et doués en gym et si seulement je l’étais ! Mais pour moi, il s’agit là de vouloir convaincre un chien de miauler.
  • C’est chronophage. Les WODs. L’entraînement pour s’améliorer. Toutes les activités en communauté (parce que forcément, tu y passes du temps là-bas dedans … Et c’est en étant ensemble qu’on crée des liens, c’est logique). J’avais l’impression d’être dans une secte. J’y passais énormément de temps, à peu près tous les jours. Etait-ce vraiment viable ?
  • Les whiteboards et les catégories. Les bons coachs (et j’en avais) te disent que tu ne dois pas avoir honte de faire ton WOD en rookie, de noter ton temps, etc. Pas de souci. Toutefois, observer le résultat des autres, « s’obliger » à pousser plus lourd et plus fort … Ca t’engage dans cette spirale de comparaison et de compétition élitiste. La plupart d’entre nous ne sommes ni athlètes, ni compétiteurs, ni ne vivons du sport.
  • J’avais déjà, dans le passé, fait des tests sportifs que j’avais réussi haut la main, sans en faire autant. A quoi bon, du coup ? Je voulais m’améliorer pour avoir plus de facilité, c’est tout.
  • Mon corps avait changé physiquement et je ne me reconnaissais plus. Forcément, plus de force implique du muscle, mais je me ne me retrouvais pas dans ce corps que m’avait forgé le CrossFit. Je ne me sentais plus moi.

Le déclic s’est fait un jour où nous avions de la course dans l’entrainement.

Alors que tout le monde se plaignait, j’étais hyper enthousiaste.

Alors que je ne me sentais pas très douée et loin derrière les autres quand je comparais mes scores, je ne rendais compte que mon cardio n’était pas si moche.

Je suis retombée sur des vidéos d’entrainement HIIT et j’ai fait quelques cours de boxe avec une amie. Surprise : j’étais de nouveau envahie par cette sensation d’être bien bottée aux fesses, car mes bras ne répondaient plus au bout de 20 secondes de travail, sans poids, juste à taper dans un sac.

Acte III : changement de cap

 

Un temps de réflexion et de remises en question m’a permis de remarquer ce que je cherchais, ce dont j’avais vraiment besoin.

  • Je voulais être plus rapide en courant.
  • Je voulais être plus fonctionnelle et rapide sur mes coups.
  • Je voulais être plus mobile.
  • Je me sentais lourde dans ce corps. J’avais pris du muscle, de la masse, je voulais me sentir plus légère.

Le CrossFit ne répondait pas tout à fait à mes questions, du moins, pas dans la technique. Je recherchais quelque chose qui me permettait d’être plus « sur le terrain » et pas à m’entrainer en salle. Je voulais courir, grimper, même frapper et surtout : être explosive.

Je me suis défaite de cette image que « être fort, c’est charger plus / être plus baraque ». Non. Pas besoin d’être plus épais pour être plus fort. Tu peux avoir de bonnes épaules et un dos large, mais au moment venu, ne pas savoir courir après quelqu’un qui t’a piqué ton téléphone, ne pas savoir grimper un mur, ne pas courir plus d’un kilomètre, etc. S’entraîner au poids du corps ou avec très peu de charge, c’est très efficace.

Toutefois, tout n’est pas à jeter dans ce sport, au contraire. J’ai appris l’importance de varier  ses entrainements et j’apprécie toujours autant les mouvements d’haltérophilie et les exercices de gym. Aussi, je ne mets plus de côté la mobilité et j’inclus le yoga comme une nécessité dans mon entrainement pour être plus souple. Je pense d’ailleurs qu’inclure quelques WODs dans sa planification d’entrainement est même une bonne idée, afin de stimuler son système nerveux et ne pas se donner cette impression de routine et d’avoir atteint un plat.

Le plus important reste de faire ce qui nous fait du bien et ce qui nous procure les plus belles sensations.

 

 

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