Humeurs, Non classé

J’ai entrepris un voyage…

avec moi-même.

A savoir : en solo. Dans le sens propre du terme.

Entreprendre un voyage solo peut faire peur, peut impressionner. 

Il m’a fallu apprendre à me défaire des aprioris, en commençant par le regard des autres. « Que dira-t-on ? » « Mais pourquoi seule ? » « Tu vas t’ennuyer non? » et le meilleur pour la fin : « tu n’as personne avec qui partir? »

On va y aller pas à pas. 

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La peur d’être validée :

J’ai passé de nombreuses années à avoir peur. Peur d’être seule. Peur de (re)commencer. Peur d’entreprendre. Peur de m’affirmer. Peur de dire ce qui ne me plaît pas. Pourquoi :

  • Les réprimandes 
  • Les remarques
  • Les engueulades 

J’ai souffert jusqu’à présent du syndrome de la petite fille: celui qui te pousse à vouloir faire plaisir 24/7, notamment papa et maman. C’est connu: qui t’aime au monde plus qu’eux ? 

Je vais te le dire : toi-même. 

  • Pourquoi ne pas faire une carrière universitaire ? Papa/maman n’a pas pu étudier et il s’agit évidemment de la meilleure façon d’être heureux/bien situé plus tard. 
  • Pourquoi tout lâcher et vivre moins à l’aise économiquement ? C’est stupide de devoir compter ses sous pour vivre la vie. 
  • Pourquoi ne pas assister à tous ses événements plein d’enfants/avec ta famille ?
  • Pourquoi tu fais autant de sport ? Personne n’est sportif dans notre famille. 
  • Pourquoi comme d’habitude tu manges différent ? 
  • Pourquoi t’es pas d’accord ?
  • Pourquoi tu respires ? 

Bref. Papa, maman, good job lors de la fécondation, mais il est temps que l’on pose les cartes sur la table. Mes neurones et mon cerveau ne sont pas une prolongation de votre vie, de vos pensées, de vos objectifs. 

La peur du manque de validation de la part des parents m’a bloquée, figée, restreinte pendant des années. J’avais peur qu’en m’affirmant je déshonore, je fasse honte, je sois rejetée. Au final, en faisant ça, je me suis rejetée moi-même. Je m’en suis rendue malade. J’ai voulu être parfaite alors qu’en fait, j’étais pourrie de l’intérieur. 

Je suis tombée dans des troubles et des compulsions alimentaires, car je me sentais nulle, incomplète, une bonne à rien. Tout ça parce que j’ai été formatée à faire et accomplir des joies qui ne sont pas les miennes. 

Ne pas savoir me détacher du regard de mes parents ne m’a pas aidée à me détacher du regard des autres. Socialement, être seule, c’est louche. Pourtant, savoir être seule et apprécier ce que l’on fait, c’est beau. Être capable d’aimer le moment présent permettra de partager cette dimension et vision du monde, puis d’enrichir la vie de quelqu’un d’autre. 

 

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La peur de la solitude :

J’avais peur d’être seule. J’avais peur de m’affirmer, du coup, exister aux yeux des autres en étant moi-même.  

J’ai entrepris une longue thérapie pour apprendre à dire « salut, c’est Cristina et je baise vos mères 🤟🏾». 

J’avais peur qu’en étant moi-même on me rejette, qu’on me mette de côté. Pourtant, dès que j’ai osé le faire, j’ai découvert qu’on m’a accueilli à bras ouverts – ce n’était pas forcément les bras auxquels je me serais attendue, mais de là la capacité de s’émerveiller et bénir les belles surprises que nous réserve le simple fait de croire en soi. 

J’ai découvert des personnes et des histoires incroyables. J’ai découvert des paysages magiques. Je reviens avec un bagage émotionnel plus lourd que ma valise (et oui, je suis partie pendant la saison des soldes … et tout ce qui va avec). 

Qu’est-ce que tu changerais à ton voyage ?:

Prévoir. La prochaine fois, je prévoirai encore moins de choses. Billet d’avion et basta. 

Qu’est-ce que tu ne changerais pas?:

La démarche. L’envie de découvrir. Les photos.   Les rires et les discussions nocturnes. 

Qu’est-ce que tu as appris?:

Avant de partir, j’avais de nombreuses peurs et angoisses, différentes à celles citées avant. 

Je me sentais bloquée dans ma vie (job, économie, pression familiale). Partir et être loin de cette atmosphère anxiogène m’a permise de voir que je devais m’en séparer très vite, car loin de ce qui ne me fait pas du bien, j’étais libre. Je n’ai plus eu de mal de tête, chute de tension, envie de pleurer, boule au ventre. Revenir dans ma bulle (certains comprendront le jeu de mot) ne m’a pas apaisée. J’étais heureuse de retrouver certains de mes repères, mais d’autres ont ravivé des blessures encore fraîches. 

En sortant de ma sphère quotidienne, j’ai découvert des personnes aux valeurs et ambitions très différentes à celles qui m’enveloppaient. Des gens qui ont osé franchir le pas, partir et s’en sortir. Seul. Comme ça. Une source d’inspiration pour une citadine prisonnière des buildings. 

 

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